En 2001, la Sélection haïtienne perdait humiliamment la finale de la Coupe caribéenne (3-0) face à Trinidad à Port of Spain, mais s’est offert tout de même l’une des 4 places qualificatives de la CFU pour la Gold Cup 2002; Une compétition à travers laquelle les Grenadiers allaient créer la sensation en battant l’invité sud-américain, l’Équateur, (2-0) et bénéficiant leur ticket pour les quarts de finale suite au tirage au sort survenu de l’égalité parfaite dans un groupe D partagé également avec le Canada.
Tout a commencé depuis les qualifications de la Coupe caribéenne des nations !
Emmenée par Emmanuel Sanon puis le tandem Élie Jean – Sonche Pierre, l’équipe nationale au début des années 2000 a vu la vie en rose. Une génération bourrée de talent qui n’avait peur de qui que ce soit. Pour se qualifier pour la Coupe des nations de la Caraïbe, Goldman Pierre, Chrismonor Thélusma, Gabriel Michel et consorts ont tout écrasé sur leur parcours lors d’une poule disputée à 4 à Port-au-Prince. La Guadeloupe, la Sainte-Lucie et les Îles Vierges américaines débarquaient au pays dans l’optique de s’offrir l’unique billet. La Jamaïque (qualifiée d’office) et Trinité-et-Tobago (pays organisateur et tenant du titre) étaient directement qualifiés pour la phase finale. La meilleure équipe de chaque groupe est qualifiée pour la phase finale ainsi que le meilleur second.
Le 10 avril 2001, les Grenadiers surfaient sur une bonne vague en laminant les Îles Vierges (12-1) au Stade Sylvio Cator. 2 jours plus tard, ils s’imposaient difficilement (3-2) face à la Sainte-Lucie avant de faire le plein dans le groupe 3 contre la Guadeloupe (2-0) le 14 avril. 3 victoires en autant de match qui permettaient aux coéquipiers de Jean-Luicadet Holman de se qualifier directement pour la compétition organisée par la CFU en devançant les Luciens qui n’obtenaient que 6 points.
Un parcours séduisant à la Coupe caribéenne !
La 18e édition de la Coupe des Caraïbes a vu la participation de 8 pays repartis en 2 groupes du 15 au 25 mai 2001 à Trinidad. Le premier comptait le pays hôte, Trinidad, la Martinique, la Jamaïque et la Barbade. L’autre poule était plus ouverte avec Haïti, Cuba, Suriname et Saint-Kitts-et-Nevis. Les deux premiers se qualifiaient pour les demies. Les deux finalistes arrachaient leur ticket pour la Gold Cup. Le match pour la 3e place donnait un 3e qualifié mais obligeait le perdant à passer par les barrages contre le 4e de l’Amérique centrale.
Le Onze national débutait le tournoi contre Saint Kitts avec un net succès (7-2) le 16 mai avec un quadruplé de Golman Pierre (25e, 54e, 77e et 83e), un doublé de Jean-Luicadet Holman (8e et 45e) et un but de Clersant Clerjuste (89e). 2 jours plus tard, les Grenadiers n’allaient pas bien réciter la leçon en se faisant accrocher par les Surinamiens (1-1) avec une nouvelle réalisation de l’attaquant du FICA, Golman Pierre. Lors de la 3e journée du groupe, les hommes d’Élie Jean et les Cubains n’arrivaient même pas à scorer, match nul (0-0) au terme d’une partie décisive, car la nation gagnante allait terminer en tête. Un score de parité favorable à la sélection haïtienne avec une différence de but (+5) contre (+1) pour les Cubains. Geteau Ferdinand et ses partenaires validaient donc leur carte pour les demi-finales ainsi que le dernier adversaire qu’ils ont affronté.
Au dernier carré, l’équipe haïtienne héritait du 2e de l’autre groupe et c’était la Martinique. Et la sélection cubaine tomba sur les Trinidadiens qui remportaient leur poule avec 7 points. Les Grenadiers faisaient exploser les Martiniquais (5-0) avec un doublé de Renel Mompremier (17e et 63e) et des autres réalisations de Chrismonor Thélusma sur pénalty (28e), Pierre Sala (84e) et Jean-Jacques Pierre (88e). Ce jour-là Jean-Jacques Pierre avait réussi un lob de l’extérieur du pied de 25 mètres suite à une remise de Golman contre le gardien martiniquais qui n’arrêtait pas de sortir de son but. Un résultat qui ouvrait la porte de la Coupe d’or à cette génération qui n’avait pas peur d’oser. Dans l’autre match, le pays hôte a eu raison de Cuba (2-0), de quoi se faire une place en finale comme les Haïtiens.
En finale, les Trinidadiens, chez eux, ayant la gachette facile, venaient à bout de Frantz Gilles et ses coéquipiers (3-0) au Stade Hasely Crawford sous les coups de sifflet de l’arbitre arubéen Harlem Villar Polo. Le match pour la 3e place a été remporté par la Martinique qui s’est offert aussi une place pour aller disputer la Gold Cup aux côtés de Trinidad et Haïti.
La Gold Cup 2002 et l’histoire de tirage au sort pour départager Haïti, l’Équateur et le Canada !
Du 18 janvier au 2 février 2002 avait eu lieu la 6e édition de la Coupe d’or aux USA avec 2 invités: l’Équateur et la Corée du Sud. Trinidad, Cuba et la Martinique étaient les représentant de la CFU aux côtés des Grenadiers. Le format était le même que celui de l’édition de 2000 avec la participation de 12 pays repartis en 4 groupes de 3. Les deux premiers de chaque poule se qualifiaient pour les quarts de finale. Avant le tournoi, le tirage au sort a placé le Canada, tenant du titre, dans le groupe D en compagnie d’Haïti et l’Équateur.
En septembre 2001, Yves Jean-Bart, le président de la Fédération haïtienne avait nommé l’Argentin Jorge Hugo Castelli comme sélectionneur, quelques mois après que Sonche Pierre et Élie Jean n’arrivaient à mettre le Onze national sur le toit de la Caraïbe. Une fois arrivée à la tête des Grenadiers, le coach argentin les avait emmené dans son pays pour préparer la compétition qui allait débuter dans quelques mois. En Argentine, Golman Pierre et ses partenaires ont disputé 5 matchs contre des clubs locaux avant de s’envoler pour les USA pour y jouer leur unique match officiel contre le Salvador (0-0) le 15 décembre.
Pour peaufiner les préparations de la plus prestigieuse compétition de la CONCACAF, 25 joueurs ont été appelés dont plusieurs expatriés. Une liste de 23 devait être soumise à la dite confédération avant le début du tournoi.
Les 25 Grenadiers:
Gardiens:
– Geteau Ferdinand, gardien titulaire, présent au côté de Didier Ménard à la Gold Cup 2000.
– Dieudonné Morency, 2e gardien depuis la Coupe de la Caraïbe.
– Fénelon Gabart, gardien titulaire en U23, première apparition en sénior.
Défenseurs:
– Pierre Richard Bruny, joueur du club trinidadien Joe Public FC depuis la Coupe d’or 2000.
– Frantz Gilles (Zénith)
– Jean-Jacques Pierre (Cavaly).
– Gilbert Jean-Baptiste (Charleston Battery, D2 américaine).
– Roosevelt Désir (FICA)
– Harry Lucien (Don Bosco)
– Sala Pierre (Violette AC)
– David Saincius (Violette AC), joueur polyvalent qui peut évoluer comme latéral droit ou en défense centrale.
Milieux:
– Jean-Muller Altidor (Roulado FC), latéral droit qui peut jouer également comme relayeur.
– Ernest Atis-Clotaire (SC Draguignam/France).
– Peter Germain (Baltimore), jeune milieu déjà international en
U23.
– Adbert Joseph (Valencia), milieu axial, joueur de l’année au Valencia et faisant partie de l’équipe-type de la D1 en 2001.
– Renel Mompremier (AS Capoise), polyvalent et habile, il a marqué 2 buts lors de la Coupe caribéenne 2001.
– Wilfrid Montilas (Don Bosco), très bon récupérateur.
Attaquants:
– Charles Alerte Junior (Aigle Noir), technique, rapide, un joueur très inprévisible.
– Alexandre Bourcicault (Violette AC), talentueux at actif, il était titulaire en U23.
– Johnny Descolines (Violette AC), héros de la victoire lors des barrages de la Gold Cup 2000 avec un triplé.
– Golman Pierre (FICA), meilleur buteur en D1 pendant 4 ans, notamment 24 réalisations en 2001 avec le FICA. Il a également marqué 12 buts en 6 matchs lors des qualifications de la Coupe du monde 2002. Un joueur élégant et un bon finisseur.
– Ricardo Pierre-Louis (Cavaly), international U17, un jeune buteur à apprécier.
– Pierre Roland Saint-Jean (Baltimore), un élement très utile qui fait la liaison milieu-attaque. Il est partout et cherche toujours le ballon. Il a terminé 3e au classement des buteurs en D1 en 2001 avec 18 buts.
– Patrick Tardieu (Violette AC), membre de New England Revolution lors de la saison inaugurale de la MLS en 1996, il était devenu capitaine du club.
Le 17 janvier 2002, pour leur premier match, les coéquipiers de Roosevelt Désir ont mordu la poussière (0-2) face aux champions en titre, les Canadiens. 2 jours plus tard, les Haïtiens affrontaient les Équatoriens pour leur 2e match dans ce groupe. Un match historique des Grenadiers qui s’imposaient (2-0), bien aidés par Edinson Mendez (c.s.c) à la 6e minute et une réalisation de Charles Alerte Junior avant la mi-temps. Le choc crucial entre le Canada et l’Équateur a accouché d’une victoire des Sud-Américains sur ce score répété de (2-0) grâce à un doublé d’Álex Dario Aguinaga. Une situation bizarre qui obligeait l’instance dirigeante à trancher.
La FIFA qui est au dessus de toutes les confédérations, prévoit toujours cette procédure pour trancher les cas d’égalité parfaite entre deux ou plusieurs équipes. Haïti, le Canada et l’Équateur ont chacun 3 points avec 2 buts marqués et 2 encaissés. Le scénario parait d’un autre âge, mais pourtant la chance pure a toujours sa place en football. L’article 41 du règlement de l’instance suprême de ce sport prévoit en effet un tirage au sort pour départager deux ou plusieurs équipes arrivées à égalité parfaite en poules. La CONCACAF l’a appliqué en tirant au sort le noms de ces 3 pays. Ce sont les Canadiens qui ont été choisis en premier et l’autre place qualificative pour les quarts a été attribuée aux Grenadiers, chanceux. Les Équatoriens de Luis Suarez, invités pour la première fois à la Gold Cup, quittaient la compétition, car la chance ne leur avait pas souri.
Le 26 janvier 2002, le Onze national trouvait son élimination en quart de finale en prolongation face au Costa Rica. Walter Centeno déclenchait les hostilités dès la 2e minute avant que l’attaquant patenté du FICA, Golman Pierre n’égalise 2 minutes après l’heure de jeu à la suite d’un beau geste de Roosevelt Désir. À l’issue des 90 minutes du temps réglémentaire, l’arbitre mexicain Alcala sifflait le début des prolongations. Une réalisation de Rónald Gómez à la 97e tuait le rêve de cette génération haïtienne à Orange Bowl de Miami devant 14 823 spectateurs.
Conséquence: 8 mois après la Gold Cup, Jorge Castelli quittait son poste de sélectionneur, le confiait à son compatriote Vicente Cayetano Rodríguez, ancien assistant de César Luis Menotti lors du premier sacre mondial de l’Argentine en 1978. Cayetano déclarait après son passage en Haïti : “Le football est l’une des rares choses que les Haïtiens aiment. Et ils l’aiment d’une manière que vous ignorez peut-être. Si vous gagnez en jouant mal, les gens ne vous tueront pas”.
À noter, les USA remportaient la compétition pour la 2e fois sur 6 éditions depuis cette appellation de Gold Cup en 1991.
Merci d’avoir suivi notre 2e numéro de la rubrique “Et si l’on remontait ?”. La prochaine publication est prévue pour jeudi prochain.