Par Guerby Meyer
Blanchi par la justice haïtienne d’un côté mais banni à vie par la FIFA d’un autre côté, le Docteur Yves Jean-Bart a eu froid et chaud en espace de 24 heures en ce qui concerne le dossier d’abus sexuels sur des joueuses mineures au Ranch de la Croix-des-Bouquets. Frustrés et indignés, plusieurs membres de la population portauprincienne croient que ces jeunes filles ont été violées une autre fois par la justice haïtienne qui a décidé de blanchir l’ex-patron de la FHF.
“En regardant l’ordonnance de non-lieu rendue la veille de la décision de la FIFA, par le tribunal de la Croix-des-Bouquets, il n’y a pas de doute, ces enfants ont été violées par des personnes sans-gêne et sans dignité au sein de la FHF,” déclare un jeune homme dans les trentaines qui était dans une camionnette assurant le trajet Martissant à Portail-Leogane.
En réaction à ce sujet, un autre passager, lui aussi exprime sa déception en ce qui concerne la justice haïtienne : “Ce dossier si honteux prouve une autre fois que la justice haïtienne est en faveur d’une minorité de personne au détriment de la grande majorité, disons les sans voix. Pitit sòyèt, on n’a pas de justice, pas d’accès à la nourriture, pas d’accès à l’eau potable, pas de sécurité, hélas… ces gens-là nous traitent comme des animaux.”
À la rue de la Réunion, plusieurs personnes réunies dans une base de domino réagissent eux aussi sur l’ordonnance par rapport à la décision de la FIFA : “Cette décision est une honte pour le pays. Comment explique-vous que cette différence énorme qui existe entre la décision du parquet de la Croix-des-Bouquets et celle de la FIFA ?” fulmine un personnage.
Par ailleurs, un autre homme qui regardait le jeu, a exprimé sa frustration et sa colère en analysant la décision de la justice haïtienne : ‘’Je rejette d’un revers de main cette décision. Entant que père de famille ça m’intrigue, ces jeunes filles ont été humiliées et je m’interroge sur le futur. Dadou Jean-Bart c’est un gros poisson, c’est pour ça que la justice haïtienne le protège. À mon âge, je n’ai rien à perdre. De toutes les façons je vais bientôt mourir, mais je donne un conseil gratuit à tous les jeunes, quitter ce pays de merde parce que les soi-disant dirigeants ne nous laisse pas le choix.’’
Annoncée vendredi, cette décision de la FIFA écarte le puissant homme de 73 ans qui ne pourra plus exercer de fonctions dans le football et doit s’acquitter d’une amende d’un million de francs suisses.
Alertée par une enquête du quotidien britannique The Guardian publiée en avril, la FIFA l’a reconnu coupable d’avoir “abusé de sa position” pour harceler sexuellement et agresser plusieurs joueuses, y compris mineures. Témoignant de pressions subies pour garder le silence, des victimes présumées avaient évoqué auprès du journal de multiples agressions commises sur plusieurs années. Sous couvert d’anonymat, elles avaient affirmé qu’au moins deux joueuses mineures avaient avorté suite à des viols commis par Yves Jean-Bart au centre FIFA Goal.
La Fifa poursuit par ailleurs son enquête contre d’autres responsables de la Fédération haïtienne de football (FHF).