Par Marc Donald Jean-Baptiste
L’élimination, suite à des raisons en dehors du terrain, de nos prometteuses équipes de jeunes (U-20 et U-17) cette année à la dernière phase pour participer aux coupes du monde de leur catégorie respective, dans des groupes qui étaient à leur portée, devient l’opportunité de se demander si la fédération haïtienne de football est réellement infectée par le réflexe d’auto-destruction et si oui, comment en lutter?
L’objectif de toute fédération sportive est de veiller à la santé du sport qui est sur sa responsabilité, en prenant des dispositions nécessaires à cet effet. Sur ces 10 dernières années, on reconnait volontiers, d’une part que le football haïtien a fait de très bonne figure sur le plan international, d’autre part il y a toujours des dirigeants pour mettre la roue en prenant des décisions controversées qui font que troubler cet élan de positivité pour retourner à chaque fois à la case de départ.
Et ceci est un constat fait, depuis la démission forcée de Luis Armelio Garcia à la tête de l’équipe senior en 2008 après avoir été champion de la coupe caraïbe jusqu’à celui de James Morisset avec les U-17, sans motif public convaincant. On a cette sensation, avec ces étonnantes mesures, ces dirigeants de l’administration du football crachent en cascade sur l’effort de ceux qui se sacrifient corps et âme sur le terrain pour faire rehausser le football national. Comment par exemple expliquer qu’en U20, le meilleur portier de la Caraïbe dans sa catégorie (John Paris) et l’entraineur adjoint de l’équipe (Kowsky Sainvil) qui ont fait tout le parcours, ont été écartés à la dernière minute, et environs 3 mois après, le même scénario reproduit avec les U-17 avec la non- convocation à la dernière minute de Redondio Aliance (meilleur portier de sa catégorie) et révocation de l’entraineur principal de l’équipe, James Morisset pour être remplacé par le brésilien, Rafael Novaes Dias. (Noter qu’en 2012, Maxime Auguste, alors entraîneur des U-17, a été victime de la même manière (voir article U-17- maxime auguste limogé sur www.haititempo.com.) En quoi ces genres de décisions aident ? Si n’est que pour abattre le moral de nos jeunes footballeurs.
Sans risque de se faire contredire, ces décisions de nos dirigeants dans le football sont non seulement controversées mais aussi incompréhensibles. Le plus dur c’est que à chaque moment, ils recommencent sans grande inquiétude, parce que tout simplement nous avons un football qui fonctionne à l’image du pays. Un cercle de clubs zombies évoluant dans un individualisme plat pour gober et s’en fout de tout, au moment que leur intérêt personnel ne sont pas menacés. Aujourd’hui, le Victory FC n’existe plus, deux équipes (US Arcahaie et AS Jérémie) sont passées de la 3e à la 2e division cette année par une simple note de presse, des adolescents qui vont défendre le pays, humiliés, couchés à même le sol dans des aéroports pendant des jours par manque de planification, des joueurs moins performants sont appelés en sélection sur base d’accointance, entr’autres sont des situations regrettables qui ne révoltent même le coté de solidarité de groupe de ces clubs pour dénoncer, condamner par le plus simple des moyens (une note de presse).
En effet, tous les analystes, observateurs et même les fanatiques sont unanimes que ces garçons des U-17 ont été éliminés pour des raisons non footballistiques. Il est bon d’espérer que cette élimination soit le déclic attendu pour dire non, plus jamais à ce réflexe de scorpion de certains de nos dirigeants dans le Football. Et il est temps que ces clubs qui sont, les acteurs principaux qui peuvent stopper l’hémorragie, se conscientisent sur leur pouvoir réel, s’unissent pour jouer leur rôle de contrôle sur chaque décision de la plus haute instance du football. Ou bien vous unissez ensemble ou bien vous disparaissez ensemble l’une après l’autre comme le Victory, Étoile Haïtienne, Bacardi, etc. dans ce jeu de chaise musicale où vous devez espérer votre tour.
Si aujourd’hui, il faut trouver les causes de l’élimination de la sélection des moins de 17 ans, après deux défaites face à Curaçao (0- 1), Honduras (1-3) et un nul face au Panama (1-1), en dehors du terrain, il faut dire donc, qu’elle est le résultat du scénario qui reflète bien l’image d’un exercice de masturbation footballistique de nos dirigeants, de complicité avec les clubs. Triste est de retenir que c’est la passion folle de ce peuple amoureux de ce sport qui continue à être crottée, ce sont les rêves de ces adolescents qui ont laissé leur étude, leur parents, pour aller se concentrer au Brésil pendant 6 mois qui rentrent dans une série de questionnement sur leur avenir, puisqu’ils ont été les premiers témoins de l’injustice de certains de leur pair après tant de sacrifice.
Grenadier à l’assaut ! Vivre un football juste !